VI. Et la famille Janssens...

Fait assez extraordinaire, les deux ancêtres directs de mes parents pourraient avoir vécu à la même époque, dans le même village, Moerzeke, 300 ans plus tôt. Et pourtant, les familles ont eu un parcours totalement différent au fil des siècles et sans un seul mariage entre elles ! J’écris « pourraient » parce qu’il reste une incertitude qui risque d’être difficile à lever sauf si, par hasard, une information manquante était trouvée.

HISTOIRE

8/8/20224 min read

Je m’explique. Si l’arbre généalogique des Janssens n’est pas trop compliqué à établir jusqu’en 1700, cela se corse lorsqu’on arrive au couple Theodorus janssens et Joanna duym. En cause, la quasi-disparition des archives de la paroisse de Vlekkem et de deux paroisses environnantes entre 1658 et 1696. Cette absence d’informations sur deux générations pose un problème de fiabilité pour les recherches.

Si le nom Janssens est courant en Flandre, le prénom l’est beaucoup moins et je n’ai retrouvé, pour cette période, que la trace de deux Theodorus malgré de nombreuses recherches dans presque tous les index paroissiaux de Flandre orientale.

D’une part, un décès en 1721 à Bambrugge (paroisse voisine de Vlekkem) d’un homme de 66 ans et donc né vers 1654. Mais j’ai consulté suffisamment d’actes de décès pour savoir l’imprécision de certains âges annoncés, surtout pour les personnes relativement âgées ou nées dans un autre village. Et d’autre part, un acte de baptême à Sint-Gillis-Waas en 1646, soit une différence de 8 ans. Il s’agit d’un acte extrêmement mal rédigé mais peu banal, vu qu’il comporte la fonction du père. A cette époque, les métiers ne sont pour ainsi dire jamais repris dans les actes. Christian VEDIER, généalogiste bénévole sur Geneanet que je remercie, m’en a fait une traduction probante car même si, à force de lire les actes en latin, je parviens normalement à en comprendre la teneur, celui-ci est non seulement presque illisible mais aussi inattendu que surprenant. Je vous livre l’acte et la traduction telle qu’il me l’a fournie :

Nata est hora 9 vespertina 13 baptizata vero 14 septembris 1646

Theodorus filius Troxi Janssens equitis ex cohorte d(omini) maioris Croch et uxoris eius Arcae vel Arnoldae Janssens susc(eptores) Renerus Wilms et Sibilla Van der borght


Est né à la neuvième heure du soir le 13 septembre 1646 et baptisé le 14 Théodore fils de Troxus* Janssens, chevalier de la cohorte du sieur major Croch et de son épouse Arca* ou Arnolda Janssens ; parrain et marraine : Renerus* Wil(le)ms? et Sibilla Vanderborght.

Avec deux remarques :

  • Le prénom du père : nettement écrit Troxi, génitif de Troxus. Ce prénom m'est totalement inconnu ! Quelle autre lecture possible ?

  • Le prénom de la mère : Arca ou Arnolda : cette double possibilité me laisse perplexe ! Le prénom féminin Arca m'est aussi inconnu ! Quelle autre lecture possible ?

A cette époque, la Guerre de Trente Ans qui avait fait rage dans toute l’Europe était sur le point de se terminer. Même si la Flandre fut relativement épargnée, ce long conflit armé entre l’Espagne et les Hollandais a eu des répercussions sur la vie des gens et il n’est pas étonnant de retrouver des soldats et des mercenaires parmi la population. Les noms et prénoms des parents et surtout du parrain et de la marraine font d’ailleurs penser à une origine hollandaise de la famille Janssens, mais ce sera sans doute difficile à confirmer.

Le terme « cohorti » peut être traduit par cohorte, escorte, groupe armé,… Le curé avait-il d’ailleurs assez de notions militaires pour utiliser le terme latin correct ? Mais ce qui est certain, c’est qu’il a été assez impressionné pour l’écrire dans l’acte de naissance du fils. Et que devenaient aussi ces femmes de militaires durant ces périodes troublées ? Suivaient-elles leur mari ou attendaient-elles qu’il revienne (ou pas) des combats ?

Le même problème de fiabilité des données se pose pour les deux épouses. Je ne suis parvenu qu’à retrouver :

  • la date de naissance et de mariage de l’une : Catharina aubroeck née en 1659 à Moerzeke et y mariée en 1677 ; de cette union, une fille Anna Maria est née deux ans plus tard ; et

  • la date de décès de l’autre, Joanna duym en 1709 à Vlekkem, âgée de 50 ans. Comme elle a eu ses deux enfants à plus de quarante ans, cela peut laisser supposer qu’il s’agit d’un second mariage (pour elle ou pour lui ?).

Trois hypothèses restent à explorer :

  1. un seul et même Theodorus qui se serait mariés deux fois C’est mon option de base actuellement mais uniquement pour des raisons de simplification de présentation ;

  2. deux personnes distinctes ; possible, même plausible mais de toute façon, les dates de naissance déduites de l’âge repris dans les actes de décès tombent en dehors des périodes où les registres n’existent plus ; ils sont donc pas nés dans ces villages et seule une recherche très approfondie permettrait de les retrouver ;

  3. un autre contemporain portait-il le même nom et prénom ? Il en existait un nettement plus jeune, né à Mere en 1673 qui pourrait être l’époux d’une certaine Joanna rodant, dont il aurait eu un fils en 1697.

Reste à espérer qu’un jour un généalogiste « tombe » au hasard de ses recherches sur une information concernant ces événements, sinon le mystère restera entier : le père de cet ancêtre était-il un soldat, soudard voire preux chevalier ou bien, un paisible paysan ou artisan ? A chacun son rêve…