I. Les variations du nom

Quand on fait des recherches, on ne peut oublier le travail fastidieux des copistes qui ont indexé les actes des registres paroissiaux. Avec quelques erreurs certes, mais il faut admettre que déchiffrer ou plutôt décrypter ces documents puis les indexer alphabétiquement a dû être très compliqué. Sans ce travail, les recherches pour les années 1600 à 1800 seraient encore beaucoup plus ardues.

GÉOGRAPHIE

9/1/20223 min read

Les variations des noms au fil du temps, voire même au fil des pages des registres s’expliquent aussi. Les pauvres prêtres et diacres de l’époque n’avaient que des plumes d’oie et certainement de l’encre de mauvaise qualité pour écrire les actes en latin. Et surtout, ils ne possédaient pas ou peu d’écrits pour orthographier correctement les noms.

La plupart des gens étaient illettrés et avec les accents de l’époque (et même d’aujourd’hui), lors d‘événements importants comme une naissance, un mariage ou un décès, sous le coup de l’émotion, de la joie ou la tristesse des déclarants, on peut aisément comprendre que les « van geem » soient parfois devenus des van « giem, gheem, geeme, gheeme, gaeme » et autres orthographes. Aujourd’hui, seule la variante « Van Gheem » subsiste en Belgique.

L’origine du nom est quasi certaine. Il provient de Gheemme, un lieu-dit (een hof) de Hamme (commune de Flandre orientale, le long de l’Escaut). Diverses sources le confirment dont des auteurs flamands qui ont écrit l’histoire de presque chaque ville et village de Flandre orientale.

Quand on regarde sur la carte ci-dessous la configuration de Hamme, on voit que cette commune est entourée en grande partie par la rive gauche de l’Escaut. A cette époque, le fleuve devait constituer un frein à la migration et donc à l’installation de nouveaux arrivants. Cela explique probablement qu’une grande partie de la famille se soit plutôt étendue vers le nord, dans « het Land van Waas » appelé aussi Waasland vers Elversele, Waasmunster et Kruibeke, vers Sint-Gillis-Waas et même jusqu’à la frontière hollandaise (De Klinge).Une autre partie a remonté le cours de l’Escaut puis celui de la Dendre pour venir s’installer à Alost (Aalst).

Les registres débutent pour les paroisses concernées vers les années 1580 à 1600 et souvent une vingtaine d’années plus tard pour les mariages et les décès. Il est donc difficile de trouver des informations précises antérieures à ces périodes. Les premiers actes sont d’ailleurs laconiques. N’y figurent que très rarement le nom de la mère à la naissance, le nom des parents des mariés, l’âge du défunt et le nom du conjoint lors d’un décès. Le prénom de l’enfant baptisé était souvent, suivant le sexe, celui du parrain ou de la marraine. De ce fait, on retrouvait souvent les mêmes prénoms dans les familles proches. Et cela ne simplifie pas l’élaboration avec certitude des arbres généalogiques.

On retrouve quantité de Petrus, Adrianus, Egidius (Gilles), Laurentius, … et pour les filles, les Anna, Catharina, Elisabeth, Isabella et Maria (spécialement en mai) étaient les prénoms les plus courants. Avec quelques variantes en double prénom mais celles-ci étaient parfois oubliées dans les déclarations de mariage ou de décès. Dans la vie courante, les prénoms en latin étaient traduits voire abrégés en flamand. Dans d’autres familles, les prénoms étaient quand même nettement plus variés !

Une autre réalité que j’ai découverte au cours de mes recherches, c’est le remariage rapide des veufs ou veuves avec enfants. Il n’était pas rare qu’une mère décède lors d’un accouchement ou qu’un mari perde la vie relativement jeune. Le second mariage intervenait parfois quelques mois à peine après le décès. Il est probable que c’étaient les nécessités vitales et non l’amour qui décidaient de la conclusion de ces remariages. Les familles parfois très nombreuses, le travail lourd et pénible ainsi que les conditions de vie difficiles ne permettaient sûrement pas que les orphelins le restent très longtemps, même si la solidarité familiale devait certainement jouer un rôle important à cette époque.

A Hamme même, les registres ne débutent qu’en 1626 et donc forcément aucune trace des « van geem » n’apparaît avant cette date. Le mariage le plus ancien relevé, c’est à Kruibeke et il date de juin 1588, ce qui prouve l’existence du nom depuis 1565 au moins. Les premières dates de naissance retrouvées dans des paroisses environnantes confirment ce fait : à Bazel (1599) et à Moerzeke (1605). Mais c’est à Aalst que l’on trouve les plus anciennes dates de baptême (de 1588 à 1591) d’une première génération dont on perd rapidement la trace. Puis mon ancêtre viendra s’y implanter.

(1) Frans De Potter et Jan Broeckaert, Geschiedenis van Hamme en Moerzeke (1889-1891)
(2) Voir carte reprise du site Familiekunde Vlanderen regio Land van Waas